L’amour est une source de santé, d’estime de soi, mais aussi de douleur. L’amour permet à une personne de s’épanouir, même Freud parle d’une personne saine comme étant capable d’aimer et de travailler. Et ceci se réfère à l’amour social. L’amour en couple n’est pas seulement un sentiment, c’est un travail. Faire un travail dont l’autre bénéficiera est un acte d’amour.
Souvent, nous attendons tellement de choses de l’amour… c’est peut-être là que naissent la plupart des illusions. D’un côté, nous cherchons le bonheur sur le chemin de l’amour et en même temps nous croyons que nous tombons malades à cause de l’amour et nous voulons aussi être guéris par l’amour. Il sera alors nécessaire de faire la différence entre l’amour et l’illusion. Une illusion est une croyance qui fait vivre une réalité inexistante, sur ce chemin nous produisons une vie de frustrations constantes. L’effort pour les réaliser peut même nous rendre malades. Il est nécessaire de se désillusionner, de reconnaître que la réalité n’est pas comme cela, qu’elle est autre chose. Abandonner les illusions infantiles est un passage qu’il convient de faire pour grandir.
Apprendre à s’inclure dans le monde réel est évidemment l’une des tâches les plus ardues pour tout être humain.
Nous vous invitons à nous suivre et à participer à ce projet de démonter les illusions et les préjugés qui nous empêchent d’aimer et de construire ensemble ce pont vers l’amour et le désir.
– Qu’est-ce que l’amour pour la psychanalyse ?
Voyons si nous pouvons répondre à la question. Par exemple, l’amour et l’érotisme ont été reflétés par les poètes. À travers les âges, il y a des auteurs qui ont parlé de l’amour, comme Platon (427-347 av. J.-C.) dans le Banquet, où différents personnages mettent en scène des idées qui font encore partie de notre imaginaire aujourd’hui. Platon a demandé à chacun des invités autour de la table du banquet de parler de l’amour, d’Éros. Par exemple, Aristophane a expliqué qu’il existait des créatures mythologiques unies en un seul être avec quatre bras, quatre jambes et deux organes sexuels. Elles se sentaient complètes, heureuses et puissantes et Zeus les a séparées par colère. Étant séparées, elles souffraient et se sentaient incomplètes, et étaient à la recherche de leur moitié.
Nous voyons que cela fait encore partie de l’imaginaire social, lorsque nous parlons des relations comme de notre moitié, de l’autre comme d’une complétude, de l’idée que l’autre « s’adapte » à nous.
– Mais pourquoi Aristophane pensait-il ainsi ?
Eh bien, Aristophane aussi est issu d’un père et d’une mère, il s’est aussi constitué en cellule narcissique, un seul avec la mère, immortel, comme s’il ne manquait de rien. Il y avait une fonction (la fonction mère) qui s’occupait de tout et il n’avait besoin de rien d’autre. La même chose s’est produite pour nous. C’est ainsi que nous sommes constitués, mais c’est un premier pas, ce n’est pas un destin. Ce mode de constitution va en effet laisser des traces, car rien n’est dépassé chez l’être humain, mais s’articule d’une autre manière à l’âge adulte.
Sentir qu’il me manque quelque chose, que quelqu’un me complète, est une régression vers une fixation infantile, vers quelque chose d’inexistant, ce qui signifie que nous ne sommes pas dans le monde. Les mythes viennent nous expliquer une réalité psychique qui est en relation avec chacun d’entre nous. C’est une explication populaire des phénomènes psychiques et c’est pourquoi ils survivent dans le temps.
Notre façon d’aimer est surdéterminée, générée, par notre idéologie sur l’amour. Et cette idéologie fait partie d’une écriture. Cela ne signifie pas que nous avons exactement lu ce livre, mais qu’il circule déjà dans la sphère sociale comme une façon de faire. Par exemple, il y a des amoureux qui vivent un amour tragique, correspondant à la figure de Roméo et Juliette, Calixte et Mélibée, Tristan et Iseult…, des amours qui se terminent par la mort, et que l’on appelle habituellement l’amour romantique.
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