
Cette présente publication est celle de deux psychanalystes en formation continue au sein de l’École de Poésie et Psychanalyse Grupo Cero, deux travailleuses produites par l’étude et la groupalité, ce qu’elles prétendent et parviennent a expliquer dans les pages qui suivent.
Le signifiant, nous nomme, Grupo Cero, et nous engage à ajouter aux signifiants famille, individuel, collectif, cet autre signifiant qui pour regrouper des éléments est commun et à la fois méconnu de tous: GROUPE, GROUPALITÉ. La proposition de nous diluer dans les autres, de nous transformer en énergie pour qu’un projet suive son cours, et faire partie du mouvement sans protagonisme, sans signes personnels.
À une époque où l’individualité et l’isolement règnent en maîtres suprêmes, où les masses sont manœuvrées par de puissants moyens de diffusion sous couvert d’intérêts économiques, avoir une incidence sur l’importance d’être un sujet groupal est un défi de taille.
Dans ta vie comme dans celle de tout un chacun, les autres sont et seront indispensables.
Les auteures interpellent le lecteur et entendent l’impliquer; nous avons besoin l’un de l’autre pour exister, écrivain et lecteur se rencontrent sur le chemin de la culture et du progrès humain. Dès l’aube de notre civilisation, l’homme, la femme primitifs ont dû choisir entre cesser de s’entêter a rester identiques à eux-mêmes et, par conséquent, a périr d’inadaptation a une nature inconnue, hostile et qui dans l’absolu n’a pas besoin d’eux. Nos ancêtres, les Homo Sapiens, ont décidé de se soumettre les uns aux autres, de parler, communiquer et pactiser entre eux pour survivre et progresser.
Même si nous méconnaissons notre histoire, même si nous regardons exclusivement nos illusions de futur, le présent nous montre que nous ne pouvons rien sans les autres. La solitude est un produit-effet de la maladie d’être de notre temps, une fuite dans la névrose des demandes toujours changeantes de la réalité. La réalité exige de nous des réponses sociales, de la tolérance, et surtout, du travail et une transformation permanents.
Pour vivre avec l’autre, il faut apprendre à l’écouter, le prendre en compte et établir une relation de dialogue.
Pour vivre il faut communiquer, ce qui exige d’aller au-delà des sentiments communs, qui sont un obstacle a la rencontre avec l’autre. Quitter le cercle familial pour le monde réel suppose de nous écarter de ce lieu confortable pour accéder a de nouvelles coordonnées, de multiples manières de penser. Notre narcissisme doit être légiféré et cela est tout sauf facile, c’est un travail. Le fait de transformer la réalité, construire, faire, réaliser, participer, est en lien avec notre fonction sociale. Tout ce que je fais et qui est destiné a quelqu’un que je n’ai pas a connaître et qui en bénéficiera, cela s’appelle l’amour.
Ne pas inclure le travail comme outil indispensable à la vie, c’est nier la vie.
Miguel Oscar Menassa soutient que toutes les révolutions ont déjà échoué ; le christianisme a échoué, il faudrait réviser le marxisme parce qu’il a échoué dans sa tentative de le mener à une politique d’État, et la société de confort du capitalisme a également échoué. Aucune de ces révolutions n’a pu améliorer la vie des hommes et des femmes. Selon lui, la prochaine révolution ne sera pas menée par une masse mais par des petits groupes, changeant la vie des gens en petits groupes. Il s’agira de se révolutionner soi-même pour que quelqu’un, un autre, s’ajoute à cette pensée révolutionnée, une alternative à cette hégémonie que nous offrent les modèles idéologiques de l’État.
Et parce qu’il y a un autre qui désire se transformer, même si de puissantes forces s’opposent en lui, au sein de la famille et par les moyens de diffusion de l’État, les auteures font ici le travail de réunir les ingrédients de cet acte d’amour, être un groupe : sublimation, écoute, générosité, tolérance, vie humaine génératrice de vie, bonheur pour celui qui réalise le travail.
Je vous recommande d’avoir une lecture productive, et d’essayer de mettre en pratique la transformation de devenir d’autres. Donnons un coup de main a Dieu, achetons le billet de loto et laissons-nous guider par ces piliers fondamentaux pour l’homme et la femme de notre temps.
Helena Trujillo Luque
>Prologue du livre – JE SUIS UN GROUPE